Paysage de science-fiction

Photo Régine Vast

Les paysages de science-fiction sont divers et variés. Ainsi, il n'est pas toujours nécessaire de partir pour des planètes lointaines, on peut trouver des paysages fort intéressants sur Terre. Il en est ainsi de l'usine des dunes qui a été démollie au début de cette année. Cet endroit se trouvait dans les dunes de Berck-sur-Mer, une station balnéaire des bords de Manche. Au départ, dans les années 30, on construisit dans les dunes un hôpital pour soigner les anciens poilus de 14/18 ayant subi les effets du gaz moutarde dans les tranchées. Et lorsque la construction fut achevée en 1940, débarquèrent les troupes allemandes qui y installèrent un radar.

Après la guerre, et une période sans activité particulière, ce qui ne devait finalement jamais être un hôpital, devint une usine, une fabrique de bobines électriques. Puis, vers la fin des années 80, l'activité cessa, et le bâtiment fut livré aux vents et aux sables, se dégradant très rapidement.

Aujourd'hui ce que l'on continuait d'appeler l'usine des dunes n'existe plus du tout, il n'en reste plus aucune trace.

Quand on regarde la photo de ce lieu délabré, je trouve qu'on peut facilement se laisser aller à imaginer une bonne histoire de SF.

Mais j'ai connu mieux, en juillet 1970. Une fois, vers les 1 h du matin, j'ai été amené à passer devant l'usine qui était encore activité. Je m'en souviens encore très bien. Il faisait très noir sur la plage. On ne parvenait qu'à deviner la présence de la mer à son léger mugissement. Des lumières émanant de l'usine apportaient une clarté très restreinte, et un bourdonnement qui provenait de l'intérieur, pouvait laisser penser qu'on s'y adonnait à une activité, un travail d'usine nocturne.

N'était-il pas tentant de songer à une main d'oeuvre de travailleurs mutants s'affairant à l'intérieur ? Et ne pouvait-on pas également imaginer un engin, quel qu'il soit, trouant soudain la nuit d'encre pour venir se poser sur la plage ou dans les dunes ?

Bien sûr que si. Et il y a de quoi écrire à partir de tout cela.